Une si longue lettre – Mariama Bâ
Je suis allée sur twitter pour chercher l’inspiration. Je tapai au hasard les hashtags #littéraire #africaine. Twitter, réseau généralement très prolixe, restait étonnamment silencieux. Je ne m’avouai pas vaincue pour autant. C’est alors que je suis tombée sur un tweet qui parlait de cet article d’Irawo désignant les 7 femmes qui ont marqué la littérature africaine. Après l’avoir lu, j’ai décidé d’acheter et de lire “Une si longue lettre” de Mariama Bâ. Si les autres auteures citées dans l’article précédent vous tentent, il y a une revue de Fatou Diome ici, des revues sur Chimamanda ici, ici et là aussi.
Première page, premières punchlines comme on dit dans l’univers du rap ! Mariama Bâ a du talent, c’est indéniable. Au fur et à mesure des pages, je suis scotchée. Je n’ai reposé le livre sur mon chevet qu’après l’avoir terminé. Il est superbe mais de quoi ça parle me direz-vous ? Ce livre aborde avec un ton juste la condition de la femme africaine. Il a été publié pour la première fois en 1979 mais toutes les réalités qui y sont décrites sont toujours d’actualité aujourd’hui. Ramatoulaye est désormais veuve, d’un mari qui l’a trahie et abandonnée après 25 ans de vie commune et douze enfants pour une copine de sa fille. Elle raconte sa vie de couple, sa jeunesse, ses amours naissantes et son amitié avec Aissatou, à qui elle écrit cette si longue lettre.
À travers ce livre, l’auteure dépeint également la révolte des femmes. Il y a celle de Ramatoulaye qui refuse de se laisser épouser par son beau-frère comme le veut la tradition après son veuvage. Il y a aussi celle d’Aissatou, qui refuse de devenir deuxième femme malgré elle dans une union polygamique qu’elle n’a jamais souhaitée. Ce sont des femmes courageuses et maîtresses (autant que faire se peut) de leur destin. L’auteure à travers ses personnages, promène son regard sur la société et livre une analyse à 360° degrés : tous les points de vue sont exposés. Celui des hommes (polygames, infidèles, amoureux éconduit, père), celui des femmes, celui des maîtresses, des grands-mères, des beaux-parents. Et c’est cette diversité de points de vue et cette confrontation d’idées qui font la richesse du livre. Donc non, il ne s’agit pas d’un récit mièvre, d’une romance qui a mal tourné, c’est beaucoup plus profond et subtil que ça. Pour éviter de vous dévoiler le livre dans son intégralité, ci-dessous quelques extraits qui m’ont interpellée.
Mes phrases “bijoux”
“La confidence noie la douleur.”
“Si les rêves meurent en traversant les ans et les réalités, je garde intacts mes souvenirs, sel de ma mémoire.”
“Le même parcours nous a conduites de l’adolescence à la maturité où le passé féconde le présent.”
“L’air marin nous incitait à la bonne humeur. Le plaisir que nous goûtions et qui fêtait tous nos sens, enivrait sainement, aussi bien le riche que le pauvre. Notre communion, avec la nature profonde, insondable et illimitée, désintoxiquait notre âme”. Ne donne t-elle pas envie d’aller à la plage cette phrase ? 🙂
“Les enseignants forment une armée noble aux exploits quotidiens, jamais chantés, jamais décorés. Armée toujours en marche, toujours vigilante. Armée sans tambour, sans uniforme rutilant. Cette armée-là, déjouant pièges et embûches, plante partout le drapeau du savoir et de la vertu.”
“Puissance des livres, invention merveilleuse de l’astucieuse intelligence humaine. Instrument unique de relation et de culture, moyen inégalé de donner et de recevoir.”
“L’amitié a des grandeurs inconnues de l’amour. Elle se fortifie dans les difficultés, alors que les contraintes massacrent l’amour. Elle résiste au temps qui lasse et désunit les couples.”
“Une femme doit épouser l’homme qui l’aime point celui qu’elle aime; c est le secret d’un bonheur durable.”Cette phrase est encore dite de nos jours aux jeunes filles pour qu’elles se marient. Comme si aimer son mari était secondaire…
“Les morts n’ont que le poids qu’on leur concède ou le poids des bienfaits qu’ils ont répandus.”
“On a beau nourrir un ventre, il se garnit quand même à votre insu.”
Et vous, l’avez-vous lu ? Dites-nous tout en commentaire !
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