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C’est en m’intéressant de plus en plus aux TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) en Afrique que je découvre lors de mes recherches Juliana Rotich, surnommée « la reine des geeks » par le magazine Le monde. Etant programmeuse de métier, c’est ce surnom qui m’interpelle immédiatement. Juliana Rotich n’est pas seulement une brillante informaticienne Kenyane, mais elle est aussi une entrepreneure dévouée à la cause du développement du continent africain. Sur son site web l’on peut voir le slogan « Make – Fix – Help others », ce qui témoigne de sa noble vocation. Elle le dit elle-même dans un de ses TED talks « Les nouvelles technologies jouent un rôle crucial dans le développement du continent ».

Juliana Rotich a le parcours de beaucoup de jeunes Africains expatriés dans le reste du monde. Elle nait, grandit et étudie au Kenya. Elle ira à l’université du Missouri-Columbia aux Etats-Unis, puis travaillera pendant une dizaine d’années à la suite de ses études, pour enfin retourner s’installer au Kenya en 2011.

Elle s’est fait connaitre en 2008, lorsqu’avec une équipe d’informaticiens kenyans talentueux elle crée la plateforme Ushahidi, qui signifie « témoignage » en Swahili. Ushahidi est né à la suite de protestations post-électorales violentes survenues en 2008 au Kenya. L’idée était de récolter des informations provenant de tout le pays et de n’importe quel téléphone (envoi de SMS) afin de savoir, de témoigner de ce qui se passe et où cela se passe précisément. Les premiers SMS reçus par la plateforme reflétaient la gravité de la situation:

« Police fired live shots and tear gas canisters to disperse the crowd. Three protesters are seriously injured and one shot dead. »

« Police battled youths who set fire to roadblocks; the police shot indiscriminately, targeting anyone on sight. »

Grâce à ces informations, une carte dite de crise a pu être constituée et utilisée à des fins telles que: informer les populations, prévenir les affrontements, informer les institutions étatiques de la gravité de la situation, inscrire ces évènements dans l’histoire afin que cela ne se reproduise pas.

Depuis, Ushahidi est devenu une référence en matière d’intelligence collective car la plateforme ayant évolué, elle a servi à gérer plusieurs autres crises dans le reste du monde: à Al Jazeera (Gaza) en 2009, en Afrique de l’Est (par des ONG), en Asie, etc.

Aujourd’hui, Juliana et la société qu’elle a créée s’attaquent au problème d’électricité et de connectivité en Afrique, ces deux notions allant de paire. Avec le déploiement du boitier BRCK (lire Break), ils proposent une alternative aux coupures d’électricité et donc de connexion internet. Le boitier Brck agit comme un backup : lorsqu’on perd la connexion internet filaire à la suite d’une coupure d’électricité, il prend le relai et nous connecte au réseau GSM (téléphone) le plus proche et le plus rapide. De plus, avec son autonomie de 8h, l’on peut continuer son activité tranquillement.

Juliana Rotich est devenue pour moi un modèle féminin, africain, et moderne. Elle est une conférencière Senior chez TED et elle est lauréate de plusieurs prix notamment celui de « Social Entrepreneur of the year » obtenu en 2011, et celui de « Woman of the year » obtenu en 2016. Tout comme elle, je suis sensibilisée aux questions d’énergie et de connectivité en Afrique. Et tout comme elle, j’aimerais pouvoir un jour apporter ma pierre à l’édifice du développement de notre cher continent.