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Un long chemin vers la liberté – Nelson Mandela

Hier, nous fêtions au Cameroun la fête nationale de la jeunesse. Elle a lieu tous les 11 Février depuis 1961, à la suite de l’indépendance du pays et à la réunification des parties anglophone et francophone.

Le 11 Février symbolise aussi le jour de libération de Nelson Mandela après 27 ans d’incarcération en tant que prisonnier politique.

Si vous êtes nés autour des années 90, alors vous avez dû entendre parler de Mandela très jeune. Je n’ai vraiment appris son histoire qu’en 2017, à la suite du film “Mandela: un long chemin vers la liberté” sorti en 2013, que j’ai regardé tout à fait au hasard. Le film ne donne qu’une vue d’ensemble. J’ai voulu en savoir plus alors j’ai lu son livre autobiographique: “Un long chemin vers la liberté”.
Dans ce livre de 659 pages qui se dévorent en quelques semaines voire quelques jours, Nelson Mandela, aussi connu sous le nom de Madiba, raconte lui-même sa vie entière, depuis son enfance humble, insouciante et heureuse, jusqu’à la victoire de son parti aux premières élections démocratiques post Apartheid en Afrique du Sud, faisant de lui, à 76 ans, le président du pays. Ceci après avoir subi de nombreux et longs procès, dont celui bien connu de Rivonia, et passé près de 27 ans en prison.

“Un long chemin vers la liberté” relate des décennies de résistance et de combat non violent contre le système ségrégationniste qui sévissait en Afrique du Sud depuis plusieurs siècles, et qui atteint son apogée en 1948 avec l’Apartheid. NM a alors 30 ans lorsque le parti national afrikaner, qu’on pourrait considérer comme extrémiste, arrive au pouvoir. L’Apartheid limitait considérablement les possibilités et les libertés des noirs d’Afrique du Sud, au profit de la communauté blanche. Depuis la naissance de sa vocation, jusqu’à l’aboutissement d’une lutte qui aura emportée  tant de vies pour la liberté d’un peuple, Nelson Mandela aura donné le maximum de son temps et de son énergie à rétablir un équilibre entre les races, au détriment de sa propre vie familiale.

Comme NM, lisez l’histoire des africains relatée par des africains. Mais aussi, restez ouverts sur le reste du monde car d’autres grands mouvements de libération et certains modèles de société occidentaux et orientaux ont également inspiré l’auteur.

Nelson Mandela puisait son inspiration d’illustres combattants de la liberté tels que Chaka Zoulou (guerrier et roi du peuple Zulu d’Afrique du Sud qui a combattu l’invasion des boers), Dr Martin Luther King (qui a combattu la ségrégation raciale aux Etats-unis), Mahatma Gandhi (lui aussi emprisonné six années durant en Afrique du Sud, il a mené le peuple indien à l’indépendance face à l’occupation britannique).

Personnellement, j’ai beaucoup appris:

1) sur la vie en prison de manière générale. Nelson Mandela a commencé à écrire son autobiographie en prison alors que c’était interdit et je suis reconnaissante à toutes les personnes qui ont permis que le monde entier profite de ses écrits aujourd’hui.

2) sur la solidarité entre africains (du Nord au Sud) et leur solide volonté commune à combattre l’invasion occidentale à travers le continent. Avant d’aller en prison, NM a fait une tournée africaine pour récolter du soutien financier et politique de nombreux pays africains afin de lutter contre l’Apartheid.

3) sur la diversité de communautés, locales et immigrées, qui cohabitent en Afrique du Sud: les indiens, les métis, les anglais, les hollandais, les zoulous, les xhosas, etc.

 

Ce qui m’a touchée sur ce personnage est qu’il se cultivait sans cesse. Jusqu’à l’âge de 60 ans en 1989, alors qu’il est encore en prison, il obtient son diplôme de bachelor of Laws de l’université de Londres où il étudiait par correspondance. Malgré tous les coups durs qu’il a eus, et les pertes importantes qu’il a subies, Il n’a jamais perdu la foi. Il s’est toujours imposé une discipline de fer, même en prison.

Au delà de l’histoire du pays, c’est avant tout l’histoire d’un homme. Un homme qui n’a jamais eu pour ambition que la libération du peuple noir et l’équilibre entre les races. Il saisissait chaque occasion d’éduquer les blancs qu’il rencontrait car il savait que beaucoup ignoraient la situation et la vie des noirs en Afrique du Sud. Il restait humble en toutes circonstances et croyait fermement au bon coeur de l’être humain. Son combat lui a valu le prix nobel de la paix en 1993 et lui a permis de rencontrer les plus grands de l’époque (Georges W. Bush, Margaret Thatcher, Robert Mugabe, etc.).

Quelques extraits:

Je n’ai jamais été aussi fier d’un costume que du pantalon coupé de mon père.

Les blancs ne pouvaient ou ne voulaient pas prononcer un prénom africain, et ils considéraient qu’en porter un était non civilisé.

L’homme blanc avait brisé l’abantu, la communauté des différentes tribus. L’homme blanc avait faim de terre et l’homme noir avait partagé la terre avec lui comme il partageait l’air et l’eau; la terre n’était pas faite pour que l’Homme la possède. Mais l’homme blanc prenait la terre comme on prendrait le cheval d’un autre homme.

Mon pays est riche en minerais et en pierres précieuses enfouis dans son sol, mais j’ai toujours su que sa plus grande richesse était son peuple, plus fin, plus pur que ses diamants les plus purs.

Un jour […] nous sommes montés dans le tram autorisé aux indiens mais interdit aux africains. […] le conducteur a dit en afrikaans, à Ismaël et à J.N., que leur ami “kaffir” n’avait pas le droit d’être là. […] Le conducteur a immédiatement arrêté le tram et appelé un policier, qui nous as interpellés, conduits au poste et inculpés.

Nous avons publié un manifeste nationaliste qui disait: “Nous croyons que la libération nationale des Africains sera réalisée par les Africains eux-mêmes […]”

Les Sénégalais sont beaux et j’ai beaucoup aimé notre bref séjour dans leur pays. La société montre comment des éléments très disparates – français, islamiques et africains – peuvent se mêler pour former une culture unique et distincte.

[…] je n’ai pas choisi de placer mon peuple au-dessus de ma famille, mais, en essayant de servir mon peuple, j’ai découvert que je ne pouvais plus remplir mes obligations de fils, de frère, de père et de mari. […] C’était aussi simple et pourtant incompréhensif que lorsqu’un enfant demande à son père: “Pourquoi est-ce que tu ne peux pas venir avec nous?” Et le père doit prononcer ces paroles terribles: “Il y’a d’autres enfants que toi, des milliers d’autres…” et sa voix se brise.

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Passionnée de mille et une choses, curieuse, pour elle, voyager, découvrir et apprendre sont son leit-motiv. Son proverbe préféré: “La force du baobab est dans ses racines”.

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