Americanah – Chimamanda Ngozi Adichie CategoriesMa Pause Littéraire · Revues

Americanah – Chimamanda Ngozi Adichie

Après avoir lu l’hibiscus pourpre pour lequel j’ai fait une revue ici, j’ai décidé de continuer avec Americanah qui était également disponible dans la bibliothèque d’entreprise.Le terme “Americanah”, expression utilisée au Nigeria, désigne des ressortissants nigérians vivant ou ayant vécu aux Etats-Unis. Ifemelu quitte le Nigeria pour poursuivre ses études aux Etats-Unis, laissant famille, amis et son petit ami Obinze. Assise dans un salon de coiffure à Trenton près de son campus d’étudiante à Princeton, elle passe en revue les événements de sa vie. Son séjour auprès de sa tante et son neveu à Brooklyn, ses difficultés financières, sa vie sentimentale.  C’est en arrivant aux Etats-Unis qu’elle prend conscience du fait qu’elle est Noire.

Dit de la sorte, cela peut sembler étrange mais ceux qui ont quitté leur terre de naissance dans un pays d’Afrique pour un pays européen ou américain comprennent. Ce livre est riche et bien des situations décrites m’ont interpellées et parlées. L’auteure évoque par le biais de ses personnages les relations amoureuses bi-raciales, le statut de l’Homme Noir aux Etats-Unis, la discrimination, l’amitié.

Ayant fait une partie de mes études aux Etats-Unis, je partageai son point de vue dans les extraits ci-dessous :

 Page 142 : “Ifemelu vit des femmes sur les trottoirs à la sortie de leur travail qui allaient déjeuner chaussées de baskets – preuve de la préférence typiquement américaine pour le confort plutôt que pour l’élégance – et elle vit des jeunes couples qui se tenaient par la main, s’embrassant de temps en temps comme s’ils craignaient, en dénouant leurs mains, de voir leur amour se dissoudre, se fondre dans le néant”.

Page 147 : “[Les américains] qui vivaient dans l’exclamation perpétuelle. “Génial !” disaient-elles.”Super-génial”.”

Page 148 : “S’agissant de l’habillement, la culture américaine est à ce point satisfaite d’elle-même qu’elle ne se contente pas de négliger la bienséance de l’apparence, mais a transformé cette négligence en qualité. “Nous sommes trop supérieurs/occupés/sympas/sans complexes pour nous préoccuper de l’apparence que nous offrons aux autres, et c’est pourquoi nous pouvons porter un pyjama à l’école ou des sous-vêtements dans un supermarché”.

Page 216 : “Elle n’avait pas envie d’engager une conversation. Surtout avec Kelsey. Elle reconnaissait chez elle le nationalisme des Américains libéraux qui critiquaient copieusement l’Amérique mais n’aiment pas que vous en fassiez autant ; ils s’attendaient à ce que vous gardiez le silence, soyez reconnaissant, et vous rappelaient en permanence à quel point l’Amérique était supérieure à l’endroit, quel qu’il soit, d’où vous veniez”.

Concernant les noms/prénoms africains considérés comme un handicap pour trouver du travail, cet extrait n’est pas très éloigné de la vérité :

Page 151 : “Tu aurais pu simplement dire que Ngozi est ton nom tribal, Ifemulu ton nom de jungle et en proposer un de plus comme nom spirituel. Ils avalent n’importe quoi dès qu’il s’agit de l’Afrique”.

Quelques passages sur les relations amoureuses de Ifemelu :

Page 219 : “C’était fantastique de se sentir désirée à ce point par cet homme qui avait une montre élégante au poignet, beau comme des modèles de catalogues de grands magasins avec sa fossette au menton. Il commençait à lui plaire parce qu’elle sentait qu’elle lui plaisait.”

Page 221 : “C’est ridicule, je sais, mais je suis si plein de toi, c’est comme si je te respirais, tu comprends ?”, avait-il dit, et elle avait pensé que les romanciers avaient tort, ce sont les hommes, non les femmes qui étaient les vrais romantiques.”

Quelques extraits sur le cheveu naturel crépu :

Page 230 : “Quand elle parla à Ruth de sa prochaine entrevue à Baltimore, celle-ci lui dit : “Mon seul conseil ? Défaites vos tresses et défrisez vos cheveux. Personne n’en parle jamais, mais c’est important. Il faut que vous obteniez ce boulot.”

Page 231 : “À peine une petite brûlure, dit la coiffeuse. Mais regardez comme c’est joli. Waou, ma fille, vous avez l’allure d’une Blanche ! […] Elle quitta le salon presque tristement ; quand la coiffeuse avait passé au fer les extrémités des mèches, l’odeur de brûlé, de la mort de quelque chose d’organique qui n’était pas destiné à mourir, lui avait laissé une sensation de deuil.”

Page 246 : “Tante Uji se moqua. “Bon, tu peux toujours le dire en anglais si tu veux mais je dis seulement la vérité. Les cheveux naturels ont quelque chose de débraillé et de sale.””

À propos de ceux qui demandent aux immigrés africains pourquoi ils ne rentrent pas chez eux :

Page 306 : “- Nous parlons de gens parmi les plus pauvres du monde. Les médecins ont une responsabilité en tant qu’Africains, dit Alexa. S’ils ont le privilège d’avoir un diplôme médical, cela va de pair avec la responsabilité d’aider leurs concitoyens.

          – Je vois. Je suppose qu’aucun de nous ne devrait avoir ce genre de responsabilité pour la situation désastreuse des villes sinistrées du nord de l’Angleterre ? dit Mark.

          Le visage d’Alexa s’empourpra.”

Page 309 : “Alexa , et les autres invités, comprenaient tous la fuite devant la guerre, devant la pauvreté qui broyait l’âme humaine, mais ils étaient incapables de comprendre le besoin d’échapper à la léthargie pesante du manque de choix.”

Ce ne sont là que quelques uns des morceaux choisis, ce livre est une petite merveille. Un conseil : lisez-le !

 

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Bookworm et grande optimiste de l’Afrique et de la vie. Contributrice sur www.africanarteverywhere.com. Auteure du Petit Mémo du Primo-Accédant : bit.ly/LePetitMemoPrimoAccedant. #Art #Danse #Ecriture #AfricaEmpowerment

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